Les Infirmiers en Pratique Avancée (IPA) : une réponse aux enjeux du système de santé

3 juillet 2025

Les Infirmiers en Pratique Avancée (IPA) : une réponse aux enjeux du système de santé

Introduction : contexte actuel

 

Qu’est-ce qu’un(e) IPA ?

 

L’Infirmier(e) en Pratique Avancée (IPA) est un(e) infirmier(e) diplômé(e) d’État ayant acquis une formation universitaire de niveau Master (grade Bac+5) lui permettant d’exercer de nouvelles missions relevant, en partie, du champ médical. Il/elle agit dans un cadre défini, au sein d’une équipe coordonnée par un médecin, et suit des patients dans la durée, avec une autonomie encadrée.

 

L’objectif ? Améliorer l’accès aux soins, fluidifier les parcours, réduire la charge médicale, tout en valorisant les compétences infirmières.

 

Quelle formation ?

 

L’accès à la pratique avancée nécessite :

 

  • Un diplôme d’État d’infirmier en pratique avancée, délivré par une université accréditée.
  • 3 ans minimum d’exercice à temps plein comme IDE.
  • Une formation sur 2 ans (ou 1 an si validation d’acquis), incluant :

           - 1ère année : tronc commun (sciences infirmières, pharmacologie, santé publique…)

           - 2e année : spécialisation selon mention (voir ci-dessous)

           - Stage encadré & mémoire universitaire

 

Quelles sont les mentions (spécialités) possibles ?

 

Aujourd’hui, 4 mentions sont ouvertes :

 

1.Pathologies chroniques stabilisées et polypathologies courantes en soins primaires

2.Oncologie / Hémato-oncologie

3.Maladie rénale chronique, dialyse, transplantation

4.Psychiatrie et santé mentale

 

D’autres mentions sont en cours de développement (urgences, gériatrie, etc.).


Cadre d’intervention

 

L’IPA intervient :

 

  • En ambulatoire (MSP, CPTS, centres de santé…)
  • En établissement (hôpital, EHPAD, SSR, HAD…)
  • En exercice mixte ou libéral (depuis 2021, IPA libéraux rémunérés à l’acte ou en forfait)

 

Il/elle agit dans un cadre défini par un protocole d’organisation signé avec le(s) médecin(s) référent(s), précisant : Les types de patients suivis, la fréquence des consultations, les modalités d’échange d’information et les critères de retour vers le médecin.

 

Missions de l’IPA

 

Les missions sont réparties en deux volets :

 

1.  Activités cliniques (80%)

 

  • Réaliser l’anamnèse, l’examen clinique, l’évaluation globale
  • Prescrire examens biologiques, imagerie, dispositifs médicaux
  • Renouveler/adapter les traitements dans son champ
  • Concevoir un plan de soins individualisé
  • Assurer l’éducation thérapeutique, le dépistage, la prévention
  • Coordonner le parcours avec l’ensemble des acteurs

 

2.  Activités transversales (20%)

 

  • Participer à l’amélioration des pratiques (APP, CREX…)
  • Mettre en place des projets qualité ou recherche
  • Former/tutorer d'autres professionnels
  • Assurer une veille scientifique et règlementaire

 

Quels actes peuvent être réalisés ?

 

L’IPA est autorisé à réaliser et/ou prescrire des actes selon sa mention (Arrêtés du 18/07/2018 et 12/08/2019). Exemples :

 

  • Prescription d’analyses biologiques, ECG, EFR, rétinographie
  • Réalisation de pansements complexes, holter tensionnel, recueil d’urines, etc.
  • Renouvellement ou adaptation de traitements existants
  • Prescription de dispositifs médicaux non soumis à prescription médicale

 

Pourquoi c’est intéressant pour le médecin ?

 

Avantages

 

  • Délégation sécurisée d’une partie du suivi de patients chroniques, notamment ceux en affections de longue durée (ALD).
  • Gain de temps médical : recentrage de l’activité sur les diagnostics complexes, les soins aigus ou les patients non stabilisés.
  • Renforcement du travail en équipe : coordination, transmission fluide, responsabilisation des acteurs de santé.
  • Réponse à la baisse des visites à domicile :

         - Aujourd’hui, les médecins généralistes réalisent de moins en moins de visites à domicile, en raison notamment de la pression                 démographique, du vieillissement de la population et du manque de temps.

         - Les IPA, notamment en soins primaires ou en gérontologie, peuvent assurer des visites à domicile ciblées, assurer un suivi de                     qualité, remonter les informations cliniques, et déclencher une consultation médicale si besoin.

         - C’est un levier puissant pour maintenir les personnes fragiles à domicile tout en optimisant le temps médical.

 

  • Amélioration du suivi : l’IPA peut assurer la traçabilité dans le DMP, proposer un plan de soins, évaluer les besoins en éducation thérapeutique, faire des bilans réguliers.
  • Participation aux RCP, CREX, coordination de parcours complexes : un atout dans les territoires sous tension.

 

Freins/limites à anticiper

 

  • Nécessité d’un protocole d’organisation clair
  • Bien délimiter le champ d’intervention pour éviter doublons ou conflits de responsabilité
  • Pour l’exercice libéral : certaines limites de rémunération ou de reconnaissance encore en évolution


Quelle rémunération ? Quelles aides ?

 

  • En structure hospitalière ou centre : selon la grille indiciaire ou conventions collectives
  • En libéral : rémunération par forfait annuel (à terme, actes via la nomenclature)
  • Aides à la formation possibles :

          - DPC, FIF-PL (en libéral), Fonds mutualisés hospitaliers

          - Contrat Avenir IPA (fonction publique)

          - Aides de certaines ARS ou Régions

 

Mise en œuvre : comment intégrer un(e) IPA dans sa structure ?

 

1.Identifier le besoin (suivi de pathologies chroniques, polypathologies…)

2.Construire un protocole d’organisation clair avec le ou les médecins concernés

3.Définir les indicateurs de suivi

4.Communiquer avec les autres acteurs du territoire (ex. CPTS, DAC, hôpital…)

5.S’appuyer sur les ressources régionales (URPS, ARS, Ordre infirmier)

 

Et au sein de la CPTS ?

 

À la CPTS NCNE, nous encourageons l’intégration d’IPA au sein de nos parcours coordonnés (personnes âgées, diabétiques, santé mentale…). Plusieurs projets pilotes sont en cours. Nous facilitons :

 

  • Le recensement des IPA
  • La mise en relation avec les médecins
  • La création de protocoles
  • L’accompagnement administratif et technique

 

Pour toute question, ou pour initier un projet avec un(e) IPA, contactez la cellule de coordination de la CPTS NCNE.

 

📧 cptsncne@gmail.com

📞 07 84 60 25 06

🌐 https://www.cpts-nice-centre-nice-est.fr/

 

Pour aller plus loin :

 

Vidéo 1 :

Vidéo 2 :

ACTU CPTS NICE CENTRE NICE EST

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Que faut-il savoir sur les CPTS ? Les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) ont été créés en 2016 par Marisol Touraine. Elles ont pour but d’organiser les personnels de santé de ville à l’échelle des bassins de vie des populations. Elles n’ont connu jusqu’ici qu’un succès très relatif puisque seulement 20 ont été mises en place par les Agences régionales de santé (ARS) (chiffres juin 2018). Le plan du gouvernement « ma santé 2022 » les met au coeur de son dispositif de réforme du système de santé, en particulier pour lutter contre les déserts médicaux. Elles devraient donc se développer de pair avec les nouveaux modes de financement des soins. CPTS… Encore un sigle… Le système de soins français en est friand… Les patients moins, qui se trouvent de plus en plus plus démunis face à l’opacité d’une organisation et d’un parcours de soins dans lequel ils ont du mal à se repérer… Les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) ont été créés en 2016 et ont pour but d’organiser les professionnels de santé de ville à l’échelle des bassins de vie des populations. La ministre de la santé, Agnès Buzyn, dans son plan « Ma santé 2022 », souhaite en faire le pillier de la médecine de soins primaires dans les territoires reprenant les souhaits d’Emmanuel Macron : « Je veux précisément que l’exercice isolé devienne progressivement marginal, devienne l’aberration et puisse disparaître à l’horizon de janvier 2022 », avait déclaré le chef de l’Etat lors de la présentation du plan de réforme du secteur de la santé. Une CPTS n’est pas un lieu…. Les patients ne pourront aller frapper à la porte de la CPTS. Il ne s’agit pas d’un lieu mais d’une organisation en réseau de professionnels de santé (médecins, infirmières, kinésithérapeutes, diététiciens, pharmaciens) ou médicos-sociaux sur un territoire. Elles auraient pour mission de mieux organiser l’accès aux soins. Elles pourraient ainsi apporter une réponse aux soins en ville non programmés mais aussi mener des actions de prévention des maladies chroniques, par exemple. Elles pourraient aussi être efficaces dans le cadre d’une coordination ville hôpital et dans le maintien à domicile. Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (1) y croit : «la CPTS a un rôle majeur à jouer dans la coordination de la sortie de l’hôpital d’un patient» tout comme il est persuadé que les pharmaciens doivent s’impliquer à fond dans ces communautés : « Aucun pharmacien ne doit manquer à l’appel et nous devons fédérer les professionnels autour de cette mission» . Elles deviendraient sans doute également l’interlocuteur privilégié en ville des hôpitaux de proximité qu’Agnès Buzyn appelle de ses voeux mais dont le périmètre d’action précis n’est pas encore défini. Reste à convaincre les médecins de s’engager sur cette voie d’un travail plus collectif. Jacques Battistoni, président de MG France, en est conscient (2) : «Si aucun syndicat de médecins ne dit : « la CPTS c’est nul », il faut maintenant faire preuve de pédagogie pour avancer». L’objectif de la Ministre de la santé est la création de 1000 CPTS dans les prochaines années autour de bassin de vie d’une population comprise entre 20 000 et 100 000 habitants. Celles ci pourraient prendre la forme d’une structure associative, coopérative ou autre, organisées par un professionnel coordonateur rémunéré pour cette fonction (700 euros par mois, par exemple, dans le cadre de la CPTS Falcon, du 13 e arrondissement de Paris).  Les CPTS seront aussi sans doute les structures privilégiées dans lesquelles seront développées les nouveaux modes de financement des soins aux forfaits destinés à rompre avec le paiement à l’acte, comme le préconise le rapport Auber t remis à la Ministre de la santé. 1 et 2) Déclarations lors des rencontres « Contrepoints de la santé » le 26 janvier 2019. Anne-Marie Thomazeau Rédactrice en chef adjointe du magazine Viva, Anne-Marie Thomazeau est spécialisée dans la protection sociale et l’économie de la santé.